Ouvrier en chantier examinant des plans de construction

Garantie décennale : quand s’applique-t-elle ?

19 décembre 2025

Les désordres majeurs constatés sur une construction neuve peuvent engager la responsabilité de l’entreprise jusqu’à dix ans après la réception des travaux. Pourtant, certaines interventions restent exclues de cette protection, même lorsqu’elles concernent la structure du bâtiment.Des particuliers découvrent parfois, trop tard, que l’assurance souscrite par leur artisan ne couvre pas tous les dommages survenus après la livraison. Une simple infiltration d’eau ou une fissure visible ne suffit pas toujours à déclencher cette garantie aux contours strictement délimités par la loi.

Comprendre la garantie décennale et son rôle dans la construction

La garantie décennale s’impose comme un pilier de la construction en France. Inscrite dans le code civil, elle encadre la responsabilité décennale qui pèse sur chaque constructeur, artisans, entreprises générales, architectes, pour les ouvrages qu’ils livrent. Dès l’ouverture d’un chantier, tout professionnel a l’obligation de souscrire une assurance décennale. Son principe est clair : protéger le maître d’ouvrage face aux dommages compromettant la solidité de l’ouvrage ou son usage, et ce pendant dix ans après la réception des travaux.

Présenter une attestation d’assurance décennale avant de lancer des travaux de construction ou de rénovation ne relève pas du simple protocole. Les maîtres d’ouvrage avertis le savent : ce document, exigé lors de la signature du contrat, engage la valeur de la protection et garantit la sécurité juridique de l’opération. Un défaut d’assurance expose l’entrepreneur à des sanctions lourdes, tant sur le plan civil que pénal, et mine la confiance du client.

Une garantie structurante pour le marché

Voici ce que recouvre précisément la garantie décennale dans le secteur du bâtiment :

  • Assurance garantie décennale : impose la réparation de tous les désordres graves qui surviennent.
  • Décennale constructeur : concerne aussi bien la maison individuelle que les immeubles collectifs.
  • La décennale travaux s’applique à tous les intervenants, quel que soit leur rôle dans la chaîne de la construction.

Ce système, pensé par le législateur, vise à sécuriser les opérations immobilières et les investissements. L’assurance décennale se combine avec d’autres formes de couverture, comme la garantie de parfait achèvement ou la garantie biennale. Chacune répond à une logique différente, mais seule la garantie décennale engage le constructeur sur la durée, en cas de sinistre majeur qui touche la structure du bâtiment.

Quels travaux et dommages sont réellement couverts ?

La garantie décennale cible une catégorie précise de dommages apparus après la réception d’un ouvrage. Selon le code civil, elle s’applique aux désordres qui mettent en péril la solidité de l’ouvrage ou qui le rendent impropre à sa destination. En pratique, cela vise les fissures importantes sur les murs porteurs, un affaissement de charpente ou un défaut d’étanchéité empêchant l’occupation ou l’usage normal du bâtiment.

Ce sont surtout les travaux de construction et de rénovation lourde qui relèvent de cette garantie. Elle couvre essentiellement les éléments indissociables du bâti : fondations, toiture, planchers, ossature. À l’inverse, les équipements installés mais remplaçables sans abîmer la structure, telle qu’une chaudière, n’entrent pas dans ce périmètre et sont plutôt couverts par la garantie biennale ou la garantie de parfait achèvement.

Voici les catégories de dommages prises en compte :

  • Solidité de l’ouvrage : effondrement, affaissement, fissures structurelles.
  • Impropriété à la destination : infiltrations importantes, défauts d’isolation empêchant un usage normal.
  • Éléments indissociables : fondations, murs porteurs, toiture, escaliers intégrés.

En revanche, les défauts purement esthétiques, les équipements facilement remplaçables et les malfaçons mineures ne relèvent pas de la garantie décennale. Seuls les sinistres majeurs, qui menacent la stabilité ou l’utilisation de l’ouvrage, sont pris en charge par l’assurance décennale. Il est donc décisif de distinguer cette garantie des autres couvertures légales, comme la responsabilité civile professionnelle, lors du traitement d’un sinistre.

Quand et comment la garantie décennale s’applique-t-elle en cas de sinistre ?

La logique de la garantie décennale entre en jeu dès qu’un dommage majeur apparaît dans les dix années qui suivent la réception des travaux. Ce point de départ, acté par le procès-verbal de réception, transfère la responsabilité du constructeur au maître d’ouvrage. Ainsi, tout sinistre compromettant la solidité de l’ouvrage ou son usage normal peut bénéficier de la décennale.

Dans les faits, la découverte d’un sinistre, effondrement, infiltration structurelle, affaissement, pousse le propriétaire à déclarer le dommage auprès de son assureur dommages ouvrage. Ce contrat, distinct de l’assurance décennale du professionnel, permet d’accélérer l’indemnisation sans attendre la détermination des responsabilités. L’assureur intervient ensuite : expertise, analyse du caractère décennal du sinistre, puis indemnisation ou recours contre le constructeur et son assureur.

En France, la responsabilité décennale concerne tous les acteurs du chantier liés par un contrat de louage d’ouvrage : architectes, entreprises générales, artisans. Peu importe l’origine du sinistre, défaut de conception, exécution défaillante ou matériaux inadaptés, dès lors que la pérennité du bâti est en jeu.

La garantie décennale assurance ne prend en charge que les désordres apparus après la réception. Avant cette étape, d’autres garanties légales couvrent le chantier. Face à un sinistre, la rapidité de la déclaration auprès de l’assureur dommages ouvrage va conditionner la rapidité de l’indemnisation. Il est donc vivement conseillé au maître d’ouvrage de conserver précieusement son contrat assurance dommages et tous les documents liés à la réception du chantier.

Au fond, la garantie décennale s’impose comme le filet de sécurité ultime des grands projets immobiliers. Mais elle ne dispense ni les professionnels, ni les particuliers, de la vigilance et de la rigueur au moment de bâtir ou de rénover. Dix ans, c’est long, mais une faille structurelle, elle, ne pardonne jamais.

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