Garantie décennale : contactez qui en cas de problème ?

19 août 2025

Un propriétaire découvre une fissure inquiétante dans un mur porteur moins de dix ans après la construction. Pourtant, l’entreprise ayant réalisé les travaux a été placée en liquidation judiciaire. L’assurance décennale, obligatoire pour tout constructeur, reste alors le principal recours.

Dans certains cas, les assureurs tentent de limiter leur implication en invoquant des clauses d’exclusion ou des délais stricts de déclaration. La connaissance précise des démarches à entreprendre et des interlocuteurs à contacter devient essentielle pour faire valoir ses droits face à ces obstacles.

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Comprendre la garantie décennale et ses enjeux pour les particuliers

La garantie décennale ne se résume pas à une simple formalité administrative : elle impose une véritable responsabilité à chaque constructeur ou professionnel du bâtiment, de l’artisan indépendant à l’entreprise générale. Depuis la loi Spinetta de 1978, impossible d’intervenir sur un ouvrage neuf ou en rénovation majeure sans fournir la preuve d’une assurance décennale. Cette obligation vise un objectif précis : offrir une protection au maître d’ouvrage contre les vices sérieux susceptibles de menacer la solidité ou la viabilité du bâtiment, sur une décennie entière à partir de la réception des travaux.

En pratique, la responsabilité civile décennale engage le professionnel à corriger tout dommage relevant des articles 1792 et suivants du code civil. Beaucoup de particuliers, peu habitués à ce jargon, confondent souvent ce principe avec l’assurance dommages-ouvrage. Pourtant, ces deux garanties ne remplissent pas la même fonction. La garantie décennale protège le constructeur, tandis que l’assurance dommages-ouvrage permet au client d’être indemnisé rapidement, sans attendre que la justice statue sur la responsabilité.

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Lors d’un sinistre, distinguer ces deux assurances change tout en matière de délai. Une malfaçon structurelle, un effondrement partiel, un vice rendant le bâtiment inutilisable sont couverts par la décennale. Il faut donc anticiper dès la signature du contrat : exigez systématiquement une attestation d’assurance décennale à jour. Soyez également attentif au moment de la réception des travaux : c’est là que démarre le compte à rebours de dix ans.

Ce dispositif sécurise le maître d’ouvrage face aux aléas de toute construction ou rénovation profonde. Une fois la garantie décennale constructeur activée, le propriétaire bénéficie d’un véritable filet de sécurité, imposé par la loi pour renforcer la confiance sur les chantiers.

Quels types de malfaçons sont réellement couverts ?

La garantie décennale cible une catégorie précise de malfaçons. Elle intervient quand la solidité de l’ouvrage est en jeu ou que le bien devient impropre à sa destination. Un mur porteur fissuré, une toiture qui s’effondre, des défauts majeurs dans les fondations : ces sinistres relèvent sans ambiguïté de la décennale. Ce qui compte, c’est l’impact sur la durabilité et l’usage normal du bâtiment. Les désagréments esthétiques ou les gênes mineures n’entrent pas dans ce périmètre.

Ce dispositif protège également les équipements indissociables du bâti, dès lors que leur défaillance met en péril la structure. Une fuite sur une canalisation intégrée dans la dalle, un plancher chauffant scellé, une isolation insérée dans une ossature bois : tous ces éléments, indissociables, sont couverts tant que leur défaut fragilise l’ouvrage sur le long terme.

À l’inverse, certaines catégories de désordres ne relèvent pas de la garantie décennale. Les malfaçons qui concernent les équipements dissociables, volets, chaudières, portes, radiateurs, sont généralement exclues. Pour ces cas, c’est la garantie de parfait achèvement (un an) ou la garantie biennale (deux ans) qui s’appliquent. Le partage des responsabilités dépend donc de la nature du dommage et de son lien avec la structure du bâtiment.

Pour chaque situation, la référence reste les articles 1792 et suivants du code civil. C’est l’analyse du sinistre qui permet de trancher entre prise en charge décennale ou réparation à la charge du propriétaire.

À qui s’adresser en cas de problème : professionnels, assureurs, experts

Dès la découverte d’un dommage, la première démarche consiste à contacter le constructeur ou l’artisan ayant réalisé les travaux. Le maître d’ouvrage doit envoyer une réclamation détaillée, de préférence par lettre recommandée avec accusé de réception. Décrivez précisément les désordres, datez vos constats, ajoutez des photos. Cette prise de contact permet souvent de régler la situation à l’amiable, tant que l’entreprise est encore en activité.

Si ce recours échoue ou si l’entreprise n’existe plus, il faut alors se tourner vers la compagnie d’assurance décennale du professionnel. Chaque intervenant sur le chantier doit fournir une assurance décennale, dont le numéro de police figure sur l’attestation d’assurance remise lors de la réception des travaux. En signalant le sinistre, vous déclenchez l’ouverture du dossier. Si vous disposez d’une assurance dommages-ouvrage, contactez-la en priorité : elle prend en charge les réparations et se retourne ensuite contre l’assureur du constructeur.

Quand le dossier se complique, désaccord persistant, refus de l’assureur, expertise contestée, il est possible de faire appel à un expert en bâtiment indépendant. Ce spécialiste évalue la malfaçon, rédige un rapport technique et apporte des éléments objectifs pour résoudre le litige. Si la situation reste bloquée, le recours au médiateur des assurances ou, en dernier ressort, au tribunal d’instance s’impose.

Voici la marche à suivre pour orienter vos démarches en cas de problème :

  • Contactez d’abord le constructeur ou artisan.
  • Déclarez le sinistre à l’assureur décennal ou à l’assurance dommages-ouvrage.
  • Appuyez-vous sur un expert en bâtiment si nécessaire.
  • Activez la médiation ou la justice en cas de blocage.

Votre contrat d’assurance habitation peut inclure une protection juridique, utile pour défendre vos intérêts. Si le professionnel est en liquidation judiciaire, le FGAO (Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires de dommages) peut parfois intervenir, sous réserve de certains critères.

travail construction

Étapes concrètes pour faire valoir vos droits et obtenir réparation

Pour activer la garantie décennale, il faut agir avec méthode. Commencez par rassembler tous les documents contractuels : devis, factures, procès-verbal de réception des travaux, attestation d’assurance décennale. Ce dossier constitue une base solide pour chaque échange avec l’assureur ou le constructeur.

Dès le constat d’une malfaçon couverte, rédigez une déclaration de sinistre précise et circonstanciée. Privilégiez la lettre recommandée avec accusé de réception. Ajoutez toutes les preuves utiles : photos, rapports éventuels, description détaillée des désordres. Cette étape formalise la démarche auprès de l’assurance décennale ou de l’assurance dommages-ouvrage.

Après réception du dossier, l’assureur mandate en général un expert en bâtiment. Sa mission : vérifier si le sinistre relève bien de la responsabilité civile décennale, puis évaluer le coût des réparations. Si vous contestez l’avis de l’expert, sollicitez un second avis indépendant ou adressez-vous au médiateur des assurances.

Lorsque le dialogue s’enlise, le tribunal d’instance reste un recours accessible pour trancher le litige. La protection juridique de votre assurance habitation permet alors de couvrir certains frais, comme ceux d’expertise ou d’avocat. Si l’entreprise responsable a disparu (faillite ou liquidation judiciaire), le FGAO peut intervenir, sous réserve d’éligibilité.

Voici les principales étapes à suivre pour défendre efficacement vos droits :

  • Constituez le dossier administratif dès les premiers signes de désordre.
  • Déclarez le sinistre par écrit, preuves à l’appui.
  • Demandez l’expertise contradictoire en cas de désaccord sur la prise en charge.
  • Mobilisez les recours : médiation puis justice, si nécessaire.

Face à un mur qui se fissure ou à une toiture qui menace de s’effondrer, la garantie décennale se révèle le dernier rempart. Mieux vaut maîtriser les rouages de la procédure avant que le béton ne craque : dix ans passent vite, mais un vice structurel ne pardonne jamais l’improvisation.

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